09.02.2024

Cinq questions à Hélène Hagen, Ingénieure Matériaux Polymères et experte en éco-conception chez Valorplast

  • Ecoconception
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En tant qu’acteur majeur de la reprise des emballages plastiques ménagers en France, Valorplast place au cœur de ses missions l’accompagnement des acteurs de la filière sur les sujets d’éco-conception. C’est grâce à cette expertise acquise depuis 1993 que Valorplast est compté parmi les membres fondateurs du Comité Technique pour le Recyclage des Emballages Plastiques, COTREP.
Le COTREP est né en 2001 d’un constat commun de la part de Valorplast, Citeo et Elipso* sur la nécessité de mutualiser leurs expertises autour des emballages plastiques ménagers afin d’orienter les metteurs sur le marché à utiliser des solutions d’emballages recyclables et d’augmenter le taux de recyclage.

Hélène Hagen, experte en écoconception, nous éclaire sur les actions menées par le COTREP pour accompagner les concepteurs d’emballages dans le développement de solutions recyclables et construire avec eux l’économie circulaire des emballages plastiques ménagers.

(*) à ce jour, la gouvernance du COTREP est constituée de Valorplast, CITEO, Elipso et du SRP (Syndicat national des régénérateurs de matières plastiques).

1/ Aujourd’hui les industriels intègrent-ils systématiquement l’écoconception dans la fabrication de leurs nouveaux emballages ?

Les metteurs sur le marché et les fabricants d’emballages ménagers l’intègrent de plus en plus. Les différentes réglementations en France et en Europe les incitent de plus en plus à anticiper. Par exemple, dès 2025, certains emballages plastiques qui ne seront pas recyclables pourraient ne plus avoir le droit d’être mis sur le marché. Il y a aussi des obligations d’incorporation de plastiques recyclés. Par exemple, les bouteilles de boisson en PET devront intégrer de la matière recyclée pour 25% de leur composition dès 2025 et 30% pour l’ensemble des bouteilles en 2030. Il y a également des éléments qui pourraient être interdits d’utilisation comme les colorants non détectables au niveau du tri, d’autres interdits en 2030 comme certains types d’emballages qui ne sont pas mono matériau et pas recyclables ou encore d’autres qui ont des étiquettes trop couvrantes qui gênent le tri et le recyclage…

2/ Pourquoi ont-ils besoin de l’expertise du COTREP ? N’ont-ils pas leur propre département R&D ?

Les réglementations françaises et européennes n’ont pas toujours les mêmes objectifs chiffrés. Certaines sont obligatoires, d’autres incitatives et chaque pays peut retranscrire les textes avec des objectifs encore plus ambitieux. Les fabricants peuvent être un peu perdus sur les réels objectifs à atteindre sachant que certains travaillent au niveau européen. Or, au sein du COTREP nous avons parfois des positions un peu différentes de celles de l’Europe parce que nous travaillons avec la spécificité du territoire. Nous travaillons sur les recommandations d’écoconception en prenant en compte la mise en marché, les systèmes de collecte, de tri et de recyclage en France tandis qu’au niveau européen ils vont appréhender la mise sur le marché ces thématiques d’un point de vue macro. C’est assez complexe. Les entreprises ont besoin d’être guidées et conseillées. Nous les accompagnons au quotidien sur ces sujets.

3/ Quelles sont les conséquences sur l’écosystème quand des emballages non recyclables sont collectés ?

Ces emballages sont mis dans le bac jaune par les habitants et le centre de tri va devoir les gérer. Cela va augmenter la quantité de refus en sortie du centre de tri et avoir un impact financier pour la collectivité. Mais tous les emballages non recyclables ne vont pas être complètement retirés. Certains vont passer à travers la maille des tris mécaniques ou optiques, notamment parce que leurs éléments perturbateurs ne sont pas détectables ou visibles. Ils vont donc aller jusqu’au régénérateur. Et si ce dernier n’arrive pas à les identifier en amont, ils vont perturber son process et créer des répercussions sur le rendement global.

Cela peut se traduire par de la perte de matière, une moins bonne qualité de matière recyclée finale, une dégradation des machines, ou encore une pollution des eaux de lavage qui repartent dans le circuit.  Il y a un impact sur l’ensemble de la chaîne de valeur.

4/ Quel conseil donneriez-vous à une entreprise qui souhaiterait entamer une démarche d’écoconception pour un de ses packagings ?

Je lui dirais de se rendre sur le site du COTREP pour consulter les ressources en ligne. Il y a des tableaux d’écoconception, nous proposons aussi un guide sur l’écoconception pour aider les industriels à se saisir de nos recommandations. Tout est en open source. C’est un premier pas qui lui permettra de voir si ses emballages peuvent s’intégrer dans une filière existante. L’entreprise aura une vision précise des filières en cours de développement, des éléments perturbateurs ou des points qui pourraient être améliorés pour que ses emballages soient recyclables. Ensuite je l’invite à nous contacter via le site du COTREP et à nous rencontrer. Il y a un contact pour chaque entité sur le site et nous sommes là pour expliquer et accompagner toute la chaîne de valeur.

5/ Comment travaillez-vous pour émettre ces recommandations ?

Par l’expertise et les protocoles de tests. On sait parfois par expérience quels sont les matériaux, les composants qui se recyclent bien et quand nous ne sommes pas sûrs, nous réalisons des essais pour émettre une recommandation appropriée. Nous pouvons les réaliser au niveau industriel donc directement dans un centre de tri et un recycleur. Mais c’est assez rare car cela demande beaucoup d’investissement, il faut immobiliser la ligne et disposer d’une grande quantité de matière pour que ce soit représentatif. De plus si nous injectons un élément perturbateur cela peut créer des répercussions sur le process. C’est pourquoi nous avons construit des protocoles d’essais et codéveloppé des lignes pilotes. Ce sont des équipements à échelle réduite, qui transposent ce qui se passe à l’échelle industrielle à l’échelle d’un laboratoire. Nous pouvons ainsi faire des tests sur des quantités plus faibles tout en restant représentatifs de la réalité industrielle.

Pour en savoir plus, consultez le site du COTREP